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Chrétien, oui, mais pas membre d’une église – une théologie

En Indes, les croyants issus de l’hindouisme ne deviennent pas membres d’églises établies et ne veulent pas être appelés « chrétiens », mais se déclarent « les dévots de Jésus ». Ce qui dérange en missiologie n’est pas le nom « dévot de Jésus » ou le fait que très peu de convertis souhaitent se faire baptiser. Ce qui inquiète est que ces croyants ne veulent ni être appelés chrétiens ni faire partie d’une église.

Peut-on être chrétien sans faire partie d’une église ?

Herb Hoefer essaie de dédramatiser dans son article « Church in Context », Evangelical Missions Quarterly, avril 2007, p200-8. Le contexte dont il parle est théologique et historique. Je ne résume pas les arguments, car il me semble que l’auteur cherche à rassurer les missiologues et leurs sponsors qui trouvent difficiles de changer de paradigme au sujet de l’église. Cet effort de calmer les esprits est nécessaire aussi en Europe, et en particulier chaque fois qu’en ecclésiologie une idée nouvelle (souvent ancienne, mais oubliée) fait surface.

Que dire d’un frère dont on reconnaît qu’il est chrétien, mais qui ne veut pas s’identifier à une église en devenant membre ? S’agit-il d’un choix indifférent, ou regrettable, ou même non-biblique ? Que penser de la sœur qui, par son refus de devenir membre, indique ne faire ainsi aucun cas du fait que Jésus-Christ est mort pour cette église dont Paul nous dit qu’elle est le corps de Christ ?

La réponse semble facile. Mais en missiologie, elle cause bien des remous. Prenons les musulmans qui accèdent à la foi en Jésus. Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir vivre leur foi sans devoir s’identifier à une église. Cela se comprend (un peu) lorsqu’on découvre les pressions énormes exercées sur le jeune croyant.

Il y a aussi les convertis de l’hindouisme qui, depuis plus de vingt ans,  résistent à se faire appeler « chrétiens ». Ils disent être des « Jesus bhaktas », des personnes qui exprime leur adhésion à Jésus. Cette expression est comprise dans leur culture. Se dire chrétien est compris comme une identification à la puissance colonisatrice. Si un hindou se dit chrétien, il change de statut civil. Il se coupe de la communauté des hindous pour devenir membre du groupe social des chrétiens. Peu de chrétiens voudraient lui imposer ce nouveau statut. Par contre, que faire de son refus de vouloir être vu comme chrétien, ce refus de faire partie de l’église ?

Le croyant qui se dit être un Jesus bhakta est dévoué à Jésus, grandit dans sa foi et en témoigne. Il rencontre d’autres croyants dévoués à Jésus et dit faire partie de l’église, mais ne deviendra jamais membre d’une église établie. Pourquoi ? Ce croyant considère que ce qui est appelé « église » est non seulement étrangé à sa propre culture, mais le pur produit d’une culture étrangère.

Un Jesus bhaktas n’est pas sans église, mais ne sera jamais membre d’une église établie. Herb Hoefer s’aventure dans un effort de justification théologique de cette pratique. Notre ecclésiologie doit être nourrie de toutes les doctrines bibliques importantes, dit-il. Bien. Les arguments présentés sont intéressants, guère plus.

 

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