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Rechercher : fresh expressions

  • Trouver un pasteur 2/10 - Le problème des fournisseurs

    Les étals sont vides

     

    Je me souviens, comme si c'était hier, d'un appel téléphonique de type "recherche de pasteur". A l'époque j'étais responsable des stages dans un lieu de formation en Suisse.

     

    Le conseil d'une église avait bien réfléchi et avait une idée précise de ce qu'il lui fallait.

    • Un pasteur (homme), 
    • Marié, avec de jeunes enfants (il n'y a pas de jeunes enfants dans l'église, et un couple avec de jeunes enfants attire d'autres jeunes couples),
    • Formé théologiquement (mais pas trop, car on voudrait encore le former chez nous)
    • Avec une orientation d'évangéliste,
    • Et tout cela pour un salaire à 50%.

     

    La personne est restée interloquée quand je lui ai dit qu'en 15 années de suivi d'étudiants je ne me souviens pas avoir rencontré un tel profil.

    Des personnes pas trop formées en théologie, cela se trouve encore.

    Mais une famille à vivre d'un 50%, je ne voulais pas y penser.

    Bien sûr que je voulais quand même savoir si l'église avait des contacts pour que le demi-pasteur puisse facilement trouver un 2e demi-emploi. (On n'y avait pas pensé. D'ailleurs pas non plus pour la demi-femme du pasteur.)

    Franchement déçue

    La personne au bout du fil est déçue du fait que je n'ai pas de candidat à proposer.

    Et cela se comprend.

    • Le conseil a réfléchi pendant des heures, prié, rédigé un descriptif.
    • Puis ce conseil contacte un fournisseur de pasteurs de renommée mondiale.
    • Et de constater que celui-ci n'a pas le modèle souhaité.

     

    Je propose alors trois solutions :

    • Premier conseil : de nous envoyer des personnes à former. Car si les églises n'encouragent plus personne à se former, comment pourrions-nous les avoir sur nos rayonnages ? (on n'y avait jamais pensé)
    • Deuxième conseil : si l'église repère un tel pasteur en exercice dans une autre église, de lui proposer de venir chez elle. (Bon, je sais que cela ne fait pas sérieux. Mais je ne pouvais pas résister au sarcasme).
    • Troisième conseil : embaucher un stagiaire qui pourrait devenir pasteur, si… (Alors non, on ne cherche pas un stagiaire, mais un pasteur).

    Je confesse ne pas avoir donné de quatrième conseil : celui de contacter les autres fournisseurs qui auront peut-être en stock le modèle recherché. Cela n'aurait pas été très sympa envers ces instituts et surtout leurs étudiants.

     

    Nous constatons que :

    LES ETALS SONT PEU FOURNIS

    LES MODELES AUX OPTIONS FANTAISISTES SONT TRES RARES

     

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    Source

     

    En 2015 la fédération FREE (Fédération romande d'églises évangéliques, en Suisse) publie, sous la plume du pasteur Christian Kaeser, un article qui veut aider à relever "les défis des Églises locales dans la recherche d’un pasteur".

    Un article à lire par l'église à la recherche de bons conseils pour discerner avec précision le type de pasteur qu'il lui faut.

    Le problème que je vois (et qui rend tout l'exercice caduc) est que, peu importe le type bien précis de pasteur recherché, il y a de fortes chances que ce modèle n'est tout simplement pas disponible car il n'existe pas, ou n'existe plus ou pas encore.

     

    Pour 10 églises qui cherchent un pasteur, il n'y a souvent qu'un seul modèle disponible. ("Modèle" : expression biblique.  Paul demande à Timothée d'être un modèle pour les fidèles.)

    Alors c'est un exercice en futilité que de détailler de qui on a besoin. Déjà trouver le rare modèle disponible (peu importe les options) est tout un exploit. Alors pour les options... oubliez.

     

    Rude constat

    La pénurie de pasteurs est prononcée tant en Allemagne qu'en France et en Suisse, dans toutes les familles spirituelles.

     

    En France 

    La recherche de pasteurs est devenue une affaire chiffrée.

    Les églises évangéliques ont besoin de 1'000 pasteurs dans les 10 ans à venir (selon le CNEF). 

    Ce chiffre est tellement rond qu'il est inutile de préciser que c'est une estimation.

    Sachant qu'en France rien ne se passe en affaires en juillet/août (sauf le tour de France et les vacances), cela ferait 10 nouveaux pasteurs à lancer sur le marché de l'emploi chaque mois.

    Le compte à rebours a débuté le 1 juin 2022.

     

    Recherchons : église rare

    En fait, la solution est vite trouvée : il faut 1000 églises.

    Il faut 1000 églises qui encouragent un (ou même deux) de leurs membres à haut potentiel de se former pour le pastorat.

    Ensuite, il faut 1'000 églises qui s'engagent à accueillir les 1'000 stagiaires venant d'une autre église afin de les équiper pour le service qu'ils pourront accomplir en retournant "chez eux".

    1000 églises?

    Non, 2'000 églises.

    Parce qu'il me semble qu'un candidat pasteur sur deux...

    • ne trouvera pas d'église en mesure de le salarier à 100%
    • quittera le ministère dans les 10 premières années.

    "il me semble", car je ne sais pas si des chiffres précis sur les personnes qui ont quitté le ministère pastoral sont disponibles pour la France ou la Suisse.

    Si vous les connaissez, merci d'en parler sous "commentaire".

     

    A venir : 

    • Trouver un pasteur 3/10 - Le stagiaire
  • Le rôle des Eglises majeures dans l’implantation d’Eglises

    "Disons-le clairement :

    rien d'autre – programmes d’évangélisation ponctuels, de formation de disciples, ministères para-écclésiaux (toutes ces choses peuvent par ailleurs avoir une certaine utilité) – n’aura un impact aussi profond et durable sur une ville ET sur les Eglises existantes que l’implantation de nouvelles Eglises."

     Daniel Liechti

    Daniel Liechti encourage les églises majeures de s'investir dans l'implantation d'églises nouvelles. (Dans Action Missionnaire, revue de France Mission de juillet-sept. 2017, p8-9)

    Bien sûr, il y a des objections à cela. Et, sans surprise, je vois que les objections qu'il entend en France sont les mêmes que j'ai entendu en Suisse. 

    Daniel Liechti est directeur du développement à France Mission et exerce d'autres responsabilité importantes dans le domaine de l'implantation d'églises en France (Présentation de DL).

    Action Missionnaire nous a accordé le privilège de publier l'article (voir d'anciens numéros de la revue - il faut "descendre" un bout).

    Le rôle des Eglises majeures dans l’implantation d’Eglises

     

    Une extraordinaire capacité

     

    Une Eglise en bonne santé est capable de se reproduire. Tel est le potentiel que le Seigneur veut donner à son Eglise afin de lui permettre de pérenniser sa vitalité et pour étendre le Royaume de Dieu dans le monde.

     

    Ou pour utiliser une métaphore : un pommier est non seulement destiné à produire des pommes, mais il a la capacité intrinsèque de faire pousser des graines qui donneront naissance à d’autres pommiers.

     

    L’implantation intentionnelle de nouvelles Eglises peut donc être considérée comme la stratégie la plus décisive pour 1) la croissance numérique du corps du Christ dans n’importe quelle ville, région, segment de la société, et 2) le renouvellement des Eglises existantes.

    Disons-le clairement : rien d'autre – programmes d’évangélisation ponctuels, de formation de disciples, ministères para-écclésiaux (toutes ces choses peuvent par ailleurs avoir une certaine utilité) – n’aura un impact aussi profond et durable sur une ville ET sur les Eglises existantes que l’implantation de nouvelles Eglises.

     

     Le fruit d'un pommier ce n'est pas une pomme. Mais un autre pommier. Robert E. Logan

     

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    Les réticences « normales »

     

    Selon notre observation, pour des responsables évangéliques il n’est pas évident de se dresser ouvertement contre l’implantation de nouvelles Eglises lorsque la discussion porte sur ce sujet. Néanmoins, les objections, parfois enfouies et souvent inavouées, sont très fréquentes et ressemblent généralement à ceci :

     

    - « Nous avons déjà beaucoup d'églises qui disposent encore de la place pour les nouveaux chrétiens qui arrivent dans la région et qui souhaiteraient s’y intégrer. Remplissons d’abord les églises  existantes avant d’en implanter de nouvelles »


    - « La diversité des Eglises dans notre ville ou région est déjà complexe à gérer. Une nouvelle Eglise aurait immanquablement pour effet d’attirer les chrétiens curieux voire instables et tout deviendrait encore plus compliqué. Une nouvelle Eglise ici ne ferait que prendre les gens des Eglises existantes avec le risque de blesser et d'affaiblir tout le monde ».

    - « Ce n’est pas le bon moment et la bonne priorité. Occupons-nous d’abord des Eglises petites ou vieillissantes qui luttent pour leur survie. Une nouvelle Eglise n’aidera pas celles qui arrivent tout juste à garder leur nez hors de l'eau. Nous avons besoin de meilleures Eglises et de chrétiens plus solides, pas de plus d'Eglises ».

     

    - « En théorie ce serait bien d’implanter de nouvelles Eglises mais nous avons déjà beaucoup de mal à trouver des personnes pour assurer nos programmes. Ce n’est pas le moment de nous disperser. Nous devons concentrer nos forces ».

     

    - « L’implantation de nouvelles Eglises a logiquement pour effet d’augmenter leur nombre et de répartir les chrétiens par conséquent dans des unités de plus en plus petites.  Ceci n’est ni souhaitable ni viable. A choisir entre implanter ou grandir, nous visons plutôt de créer de grandes Eglises ».

     

    Ces déclarations semblent être frappées de bon sens et je peux les comprendre. Mais elles reposent sur plusieurs hypothèses erronées.

     

    Pourquoi du point de vue biblique l’implantation de nouvelles Eglises est-elle nécessaire à la fois pour l’évangélisation de nouvelles populations ET pour la vitalité et le renouvellement des Eglises existantes ?

     

    Besoin de prendre du recul au niveau théologique

     

    Il est patent que l’enseignement de Jésus conduit naturellement les apôtres à implanter des Eglises. Tous les grands défis de l'évangélisation du Nouveau Testament sont essentiellement des appels à créer des « communautés de disciples » donc à implanter des Eglises, pas simplement à partager la foi, à évangéliser ou à faire des paroissiens fidèles aux réunions ! L’ordre missionnaire (Matthieu 28, 18-20) n’est pas seulement un appel à faire des disciples individuels mais à les baptiser et à les enseigner, en vue de leur multiplication, donc également à implanter des Eglises. La seule manière sûre et durable d’augmenter le nombre de chrétiens dans une ville, une région ou un nouveau segment de la société, est d'augmenter le nombre d'Eglises.

     

    A ce propos, le récit de la jeune communauté d’Antioche (Actes 13,1-3) est significatif et très stimulant. De manière exemplaire elle recherche la volonté de Dieu concernant sa contribution à la croissance de son Royaume dans le monde. Alors que la communauté est en train de prier, jeûner et d’adorer le Seigneur, le Saint-Esprit interrompt son culte, parle et indique la méthode à suivre : « Mettez à part pour moi Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés ». Ceux-ci partent donc et commencent à annoncer l’Evangile et à implanter des Eglises. Cet envoi de quelques implanteurs et équipiers – ici deux ou trois - est le chemin qui permet aujourd’hui encore à une Eglise majeure de se multiplier sans pour autant freiner sa propre croissance numérique. Et sans négliger les autres aspects de sa mission, pour lesquels Dieu veut également lui donner les dons et ministères.

     

    Dieu a donné à l’Église une capacité reproductrice. Celle-ci passe essentiellement par sa faculté à générer des disciples et - issus du groupe des disciples - des nouveaux ministères pastoraux spécifiques. Des personnes qui peuvent, étant appelées par Dieu, partir pour aller annoncer l’Evangile et implanter de nouvelles Églises.

     

     

    Remplacer trois idées fausses par une stratégie juste et dynamique

     

    1. Une idée un peu naïve, encore bien ancrée dans certains esprits, considère que l’implantation d’Eglises est nécessaire et justifiée lorsqu’il s’agit de régler un problème de place. Il s’agirait alors d’organiser un « essaimage », c’est-à-dire le départ d’une partie significative de membres, afin de retrouver une capacité d’accueil dans l’Eglise mère. Mais fondamentalement, l’implantation de nouvelles Eglises n’existe pas pour régler un problème de cet ordre dans les Eglises existantes – pour le résoudre il vaut généralement mieux acheter ou louer une salle plus grande - mais pour toucher intentionnellement un nouveau public qui ne fréquente encore aucune Eglise. D’où la nécessité d’implanter des Eglises culturellement pertinentes en allant rejoindre le public ciblé.

     

    2. Une autre idée, également un peu naïve, considère que ce serait avant tout l’éloignement géographique de quelques chrétiens qui justifierait l’implantation d’une nouvelle Eglise. Si cette réalité peut effectivement être un élément déclencheur d’un processus de réflexion, ce n’est pas non plus la raison fondamentale. Nous avons besoin d’implanter de nouvelles Eglises pour atteindre avec l’Evangile, de manière incarnée et proche, des non chrétiens.

     

    3. Fréquemment il arrive que la réticence par rapport à l’implantation soit liée à un manque de distinction des ministères (Cf. Eph 4,11) comme s’ils étaient tous interchangeables. Quelque fois nous observons un manque de discernement quant aux possibilités et appels variés de chaque disciple. Si toute Eglise majeure a vocation à contribuer activement à l’implantation d’Eglises nouvelles - il s’agit même là de l’expression la plus aboutie de sa majorité – la mise en œuvre concrète ne concerne que quelques-uns. Ceux que le Seigneur a appelés et qui sont doués pour ce service. Les autres, ceux qui ont reçu un autre ministère, sont invités à lui rester fidèle et à laisser partir les implanteurs et les équipiers. En effet, tous ne sont pas des implanteurs. Il s’agit aussi pour les Eglises majeures de considérer par la foi qu’il y a plus de potentiel dans la future moisson que dans la grange. Le fait d’envoyer en son nom et de soutenir des implanteurs renouvelle l’Eglise de manière immédiate et évidente, surtout en terme de vitalité spirituelle. A terme, elle sera bénie en retour par le fruit et les ministères que le Seigneur suscitera grâce à l’implantation d’Eglises chez des personnes aujourd’hui encore non croyantes, potentiel qui enrichira à coup sûr tôt ou tard aussi les Eglises existantes.

     Daniel Liechti

    En résumé, que peuvent faire les Eglises majeures concrètement

     

    - Prier pour la naissance de vocations d’implanteurs et d’équipiers bénévoles, bivocationnels ou à plein temps en leur sein. Prier avec insistance pour que chaque Eglise majeure puisse envoyer tous les 5 à 7 ans au moins un implanteur et quelques équipiers

     

    - Les responsables communiquent clairement et fréquemment sur la volonté de l’Eglise de s’engager dans l’implantation dès que des ministères d’implanteurs apparaissent

      

    - Susciter des nouvelles vocations par une bonne communication sur les formes variées d’exercer ce ministère et par l’intérêt manifesté par les responsables pour des implantations

     

    - Encourager chaque chrétien au travers d’un processus de discipulat à discerner ses dons et à s’engager dans le service selon l’appel du Seigneur

     

    - Encourager les potentiels futurs implanteurs et équipiers à se former (PDi et CFRi du CNEF, IBG, FLTE, IBN)

     

    Pour paraphraser une célèbre citation de Bonhoeffer : l'Église n'existe pas (seulement) pour ses membres, elle existe pour participer à la Mission de Dieu en faveur du salut du monde. C'est ainsi qu'elle glorifie Dieu. C’est ainsi aussi qu’une Eglise majeure maintient sa vocation profonde et développe sa vitalité spirituelle.

    Daniel Liechti

  • Plaidoyer pour de nouvelles églises

    Lors d'une rencontre à Leysin (Transvision), j'ai affirmé que:

    "Les efforts d'évangélisation sans constitution de groupes, de communautés ou d'églises sont sans grands effets: je ne les nommerai pas. Même des activités comme Alpha live, qui se vivent en église et paroisse, ne sont pas des activités qui font grandir les églises."

     

    Voici le texte derrière mon intervention de 10 minutes...

     

    Plaidoyer pour de nouvelles églises

    Matthias Radloff

    Transvision 13 juin 2017

     

    1. Pourquoi faut-il encore plus d’églises ?

    La situation actuelle n'est pas satisfaisante; les églises de Suisse romande ne grandissent que peu par conversion. Je prendrai la situation de Vevey comme représentative:

    • Après dix ans de présence dans un nouveau quartier, La Passerelle n'a pu ajouter un seul membre par conversion provenant du quartier de plus de 3'000 habitants, dans lequel est s'est installée pour y être un témoin. Idem pour l'église de réveil et l'Action biblique qui, avec La Passerelle, font des efforts d'évangélisation dans ce quartier, et cela sans fruits visibles en dix ans de témoignage.
    • Une nouvelle église a débuté un ministère dans un autre quartier de la ville de Vevey, la CityLife Riviera. Peut-être verra-t-elle des convertis. D'après une enquête sociologique conduite en Suisse, la moitié des membres de communautés charismatiques sont des chrétiens de première génération.

     

    Parlons chiffres. S'il est estimé que 3-4% de la population suisse est évangélique, que faire des 96 autres %?

    Fort heureusement, le nombre de chrétiens évangéliques augmente, mais principalement par la présence d'églises dites ethniques.

    Les efforts d'évangélisation sans constitution de groupes, de communautés ou d'églises sont sans grands effets: je ne les nommerai pas. Même des activités comme Alpha live, qui se vivent en église et paroisse, ne sont pas des activités qui font grandir les églises.

    2.  Implanter, oui ! Mais...

    2.1. Comment implanter ?

     

    "Comment implanter?" n'est pas la bonne question. L'important ce ne sont ni les techniques,  les méthodes, ou les moyens.

    Si nous voulons savoir "comment" implanter, nous ne ferons que reproduire des copies réduites de ce que nous vivons et connaissons déjà, et qui a été inefficace dans le domaine de la croissance par conversion. Si l'on fait du "comment" la question première, alors, malheureusement, une des trois choses suivantes se passent:

    1. On agit comme toujours (et surtout pas comme ailleurs). Ex.: implantation par clonage comme le Gospel Center et ICF, ou par essaimage, comme le veut la tradition.
    2. On n'agit précisément pas comme toujours, soit par réaction, soit par esprit de division. Nous, nous faisons mieux, plus… Nous faisons le contraire de ce que nous avons connu. Car, en toute logique, si faire une chose ne conduit pas aux résultats souhaités, faire le contraire (ou tout au moins faire autrement) doit fonctionner.
    3. Agir comme ailleurs. D'autres souhaitent reproduire ici ce qui produit des effets convoités sur d'autres continents.

     

    Dans toutes ces options un aspect important est oublié: il faudrait retenir et développer quelques valeurs. Parlons-en.

    2.2. Pourquoi implanter ? cf. les valeurs

     

    La question "pourquoi implanter" nous conduit à réfléchir aux valeurs et objectifs (les valeurs sont toujours importantes: ‪https://www.melittacampbell.com/why/‬). Quelles valeurs veut-on vivre?

    En voici quelques-unes qui toutes affectent l'orientation d'une implantation. Les valeurs ne sont pas (nécessairement) nouvelles.

     

    Imaginons vouloir répondre aux besoins de l'homme d'aujourd'hui qui sont les "besoins d'indépendance et de contact". L'indépendance veut que je me détache de tout - famille, héritage, valeurs, institutions - et que je construise ma personnalité (cela explique la peur presque phobique du prosélytisme, cette crainte qu'un autre puisse m'imposer un point de vue). Au besoin d'indépendance se joint un besoin contraire, celui de contacts. Ainsi j'ai besoin de savoir ce que tu  penses, besoin de vérifier que mes valeurs sont les bonnes. Donc, besoin de pouvoir cheminer et expérimenter et non d'écouter pour obéir.

     Si la valeur est le "besoin d'indépendance", il faut un cadre qui ressemble le moins possible à une séance d'endoctrinement, mais plutôt à une rencontre ouverte au partage, à la discussion. Les personnes ont un désir de liberté dans la recherche de la vérité. Lié au désir de liberté est le désir de pouvoir s'exprimer, exprimer son originalité sans jugement. Cette quête de liberté n'est pas anarchique ou irrationnelle, mais correspond au désir d'être "libre d'explorer, d'éprouver, d'évaluer, d'exprimer sans direction normative et sans peur du jugement" (Demaurex p13).

     Si la valeur est la "sociabilisation" (= valeur très prisée aujourd'hui. Par contre, l'affiliation est rejetée; Demaurex p12,) le "réseau" ou la "famille", il faut vivre à proximité les uns des autres, mais pas en communauté (pas dans le même appartement ou immeuble, pour raison de besoin d'indépendance). La proximité spatiale est nécessaire à la cohésion du groupe.

     Si de la place doit être donnée à la sociabilisation, le "partage" devient essentiel. Ce besoin de rapports humains et d'une communication directe est fondamental. Il faut savoir qu'il y a de moins en moins de possibilités de vivre ce partage. Il est mis en péril par notre mode de vie, mais aussi, oh! surprise, par l'usage des médias qui se disent outils de communication, comme Facebook, Twitter, WhatsApp, Instagram, etc. Ces outils ne permettent plus la communication directe avec sa richesse émotionnelle (Demaurex p13). Voir les naissances qui sont filmées par le père et qui de ce fait n'accorde plus ni soutien ni attention à la mère. Voir encore les mères qui postent sur FB l'image du nouveaux-né avant de prendre le temps de tenir l'enfant (20minutes du 2 juin 2017 p9). "Il manque aux chercheurs spirituels modernes des lieux de communication pour solidifier leur identité croyante: ils ont besoin d'exprimer leur expérience, d'en chercher le sens, et de vérifier malgré tout la véracité de leurs croyances dans l'échange et la confrontation avec l'autre" (Lerebours Entremont cité par Demaurex p13).

     

    Lié à la sociabilisation est "la structure et le fonctionnement égalitaire" du groupe. Les participants sont égaux. Un temps de parole est de ce fait accordé à chaque membre, voire planifié. Et les dates des rencontres sont fixées bien à l'avance. Ceci indique au participant qu'il est attendu et important.

     

    "Je chemine." Le cheminement de la personne décrit le comportement religieux. C'est-à-dire, l'important est la quête et non le réception, le mouvement de l'appropriation au lieu de la dévotion inconditionnelle (selon Demaurex p12).

     

    "Nous cheminons." Si la valeur est de "cheminer AVEC les personnes", avec qui est-ce possible? Comment est-ce que j'aborde le jeune chrétien, le chrétien en difficulté de vie? celui qui a péché de manière visible? Celui qui s'éloigne lentement du groupe?

     

    Si la valeur est "cheminement et recherche d'expériences", il est difficile de vivre ces valeurs à l'écoute d'exposés ou de prédications. Les enseignements sont donnés dans des témoignages. L'auditeur est invité à découvrir par lui-même au cours d'échanges de leçons apprises par la vie et par des contributions de personnes rencontrées.

     

    Si la valeur est "l'amour entre chrétiens", amour qui devrait être visible, selon Jésus, alors que faire, vivre, dire, entreprendre, penser, encourager?

     

    Si la valeur est "grandir en maturité", et que cela est possible seulement en communauté, que faire et vivre? Expérimenter? Quelles formes de communauté vivre?

     

    Si la valeur est d'être "sel et lumière", quelles sont les oeuvres bonnes que nous devons faire? Faut-il que nous nous impliquions dans des activités existantes, dans des associations de la ville, ou faut-il créer des activités?

    Quel serait un programme mensuel d'une église qui souhaite être connue pour ses bonnes oeuvres? Faut-il qu'elle organise de nombreuses activités, ou faut-il en programmer le moins possible pour permettre aux chrétiens de s'engager dans des associations existantes?

     

    La valeur "incarnation" ou "intégration"  influencera le choix de local, donc du lieu des rencontres (le bâtiment propre à l'église n'est pas intégré, n'est pas vu par la population comme "son" lieu de rencontre). Les rencontres privées se tiendront dans un lieu considéré privé (ex.: dans une famille). Et les rencontre publiques se vivront de manière optimale dans une salle publique. Pratiquement, que faire si nous voulons nous faire tout à tous, ou au moins tout à certains de ceux qui ne sont pas encore chrétiens?

     

    Il peut y avoir encore bien d'autres valeurs:  se réunir pour atteindre un but commun, comme le partage des biens, vivre en communauté, vivre la multiculturalité, rejoindre un public cible, s'impliquer dans un projet social, approfondir ses connaissances de la Bible...




    2.3. Pourquoi implanter? cf. les publics cibles

    Nous avons vu qu'il ne faut pas commencer en se demandant "comment" implanter. Car l'important ce ne sont ni la technique ni les moyens, mais les valeurs comme nous venons de le voir.

    Avant de répondre au "comment implanter", il faut encore savoir qui atteindre? Ce n'est qu'une fois le ou les publics cibles déterminés (les enfants du quartier, les hommes d'affaire de la ville, etc.), qu'il est possible de réfléchir au "comment" implanter.

    2.3.1. Groupes socio-professionnels

     Il est évident que nous n'atteignons pas certaines catégories socio-professionnelles, comme les personnes travaillant dans la restauration, l'hôtellerie, les services, dans des emplois postés ou en rotation.

    2.3.2. Groupes linguistiques voire culturels

    Si dans nos villes en Suisse, il y a une centaine de nationalités différentes, bien des catégories linguistiques ne connaissent pas de témoignage chrétien parlant leur langue et utilisant des voies de communication culturellement adaptée.

    Que dire de notre réflexe d'envoyer des Portugais dans une église brésilienne? Pourquoi alors ne pas envoyer un Vaudois dans une communauté congolaise puisqu'on y parle aussi le français?

    Les milliers de jeunes des écoles internationales en Suisse sont considérés peuple non atteint (Selon mon souvenir d'un Christianity Today d'il y a bien des années). Ne parlons pas des réfugiés.

     

    2.3.3.Groupes Sinus 

    Définition: "les Sinus Geo Milieus® regroupent les gens selon leur comportement et leur mode de vie, et pas uniquement d’après des critères sociodémographiques et de comportement d’achat. Leurs opinions concernant travail, famille, loisirs, médias, argent et consommation sont étudiées, regroupées et classées en neufs milieus." (Certaines fois il est question de dix milieux.)

     

    Je ne suis pas un connaisseur de cette analyse. Néanmoins je souhaite attirer votre attention sur cet outil qui permet non seulement de segmenter la population d'un pays, ce qui est de peu d'intérêt pour notre sujet, mais qui permet de voir qu'il y a des segments entiers de la population qui ne sont pas atteints par nos églises. Il est faux de penser qu'un district est saturé ou que tous ses habitants ont la possibilité d'entendre l'Evangile s'il y a une église pour 10'000, ou pour 5'000 ou même pour 2'000 habitants. Des analyses en Allemagne ont permis de constater que dans les églises, il y avait des personnes de toutes les catégories Sinus. Néanmoins, la plupart venait de quatre de ces dix milieux. De plus, le style de vie d'église proposé correspond aux valeurs et attentes de ces quatre segments de la population.

     

    3. Conclusion

    L'implantation de nouvelles églises doit être encouragée pour bien d'autres raisons que celle qui dit qu'il y a des publics cibles qui n'ont pas encore entendu l'Evangile (autre raison: les membres des petites églises ont une foi militante, témoignent). Ce travail d'implantation est difficile et mériterait d'être accompagné par des mentors, des tuteurs, des églises établies et leurs fédérations (Voir l'appel de Daniel Liechti paru un mois plus tard).

     

    4. Bibliographie

    20minutes, "Bébé est pris en photo avant même d'être regardé", 2 juin 2017, p9: https://www.dropbox.com/s/8ifojtqk3vuo0xa/B%C3%A9b%C3%A9%20pris%20en%20photo.pdf?dl=0

    Bolger, Ryan, (éd.), The Gospel after Christendom: New Voices, New Cultures, New Expressions, Baker, 2012. (28 témoignages d'églises naissantes) http://bakerpublishinggroup.com/books/the-gospel-after-christendom/327961

    Demaurex, Vincent, "Comment et à quelles conditions les groupes de maison peuvent-ils être source de renouveau pour l’église ?" (l'auteur présente une analyse des mentalités de nos contemporains puis démontre que des groupes de maison pourraient permettre de rencontrer nos voisins.) http://wp.unil.ch/lescahiersiltp/files/2017/04/CahiersILTP_Demaurex_ServirGerer_J