La pandémie - un nouveau continent
Cher lecteur,
Il ne faut pas être prophète pour annoncer que la pandémie sera encore avec nous pour une année ou deux.
Le désir de voir la chose disparaître au plus vite est perceptible dans l'usage de l'alphabet.
Nous sommes déjà à la lettre omicron, ce qui en Grec veut dire
- "Oh ! Petit !".
La fin avec le "Oh ! Grand !" ou "Ô, Grand !" n'est donc plus bien loin.
La terre entière est remplie de la connaissance du Delta et bientôt de l'Omicron.
A quand la connaissance de l'Alpha et l'Oméga - qui aura le fin mot de l'histoire.
En attendant nous voilà responsables de nos histoires.
MAIS comment faire? Comment vivre?
Pas: comment vivre sans histoires, mais dans l'histoire, même si cela fait des histoires?
Je cherche des éléments de lectures, des personnes de ressource, des explorateurs d'un monde nouveau.
En connais-tu?
Merci de m'en parler (par exemple dans "Commentaires").
Je n'ai encore pas vu, dans les églises évangéliques, de réflexion originale et incisive sur ce défi.
Comme j'ignore bien des choses, rien d'étonnant.
Lorsque omicron nous aura colonisé en février, nous allons certainement encore une fois devoir fermer les églises.
Ou plutôt, et c'est bien différent, on va interdire les rassemblements.
Pour les contacts, il restera la lettre, le téléphone et internet (zoom etc.)
Par contre, beaucoup de ce qui est le propre de la foi chrétienne sera de nouveau en péril.
Ou, dit autrement, comment peut-on vivre l'amour fraternel (auquel les gens voient que nous sommes des disciples du Christ)?
Qu'en est-il du fruit de l'Esprit? Comment vivre la bonté, la douceur, la bienveillance?
Moi dans mon coin sombre et toi dans le tien (ou devant mon écran)?
Comment pratiquer la justice et la miséricorde ?
Comment être corps du Christ ou tout simplement membre les uns des autres, dans l'isolement?
Si l'on cite la Bible au sujet des deux ou trois réunis en son nom, c'est toujours parce qu'on est déçu du petit nombre de personnes présentes.
Mais n'est-ce pas trahir le sens que d'y voir une consolation pour les déprimés des réunions de prières.
D'autres citent le verset comme pour indiquer que maintenant, puisqu'on vient de le citer, il y a au moins deux fois plus de présence de Dieu qu'il y a une minute.
Mais Jésus ne dit-il pas plutôt qu'il n'y a pas nécessité d'être au moins 10 (minian) pour que la prière soit valable?
A partir de là ma suggestion de réfléchir à comment vivre pleinement l'église à trois, ou à cinq, le nombre maximal autorisé à certains moments du Covid.
Comment aider nos frères et sœurs à vivre la vie chrétienne dans la pandémie?
Il y a le groupe de maison. Mais il doit y avoir autre chose.
- Pas seulement le groupe géographique (du quartier X et Y), mais aussi par sujet, par moment de la journée (pour ceux qui ont du temps à 24h) ou par profession ou lieu de travail.
- Le groupe du train, du bus, etc., donc de ceux qui prennent les mêmes transports en commun pour le travail ou tout simplement pour se retrouver.
- Le groupe des vtt-istes, de balade, de promeneurs de chiens, de mamans sur le terrain de jeu, de jardiniers...
- Le groupe du premier kilomètre = pour ceux qui se retrouvent puisque géographiquement très proches.
- Rejoindre des activités afin de rendre service et de s'occuper ainsi de "l'orphelin et la veuve". Etre lumière et sel afin que les gens voient nos bonnes œuvres et louent Dieu.
Je crois en la souveraineté de Dieu et me dis que la pandémie doit elle aussi servir à la gloire de Dieu.
Pourrait-elle servir à manifester d'avantage de bonté, de charité, de compassion, de fraternité qu'en temps dit "normal"?
Bien des organisations recherchent des bénévoles, même actuellement.
Nous n'avons pas besoin de développer de nouveaux services, mais pouvons nous associer à ce qui se fait déjà pendant la pandémie, services qu'on ne pourra plus rendre, parce qu'on n'en aura plus besoin une fois la pandémie maîtrisée.
Je me dis que ce serait grave si un jour notre Seigneur nous disait :
"Je vous ai ouvert tout grand une porte pour servir, et vous vous êtes retranchés dans vos chambres de prière et de louange, verrouillant fenêtres et portes que seuls les vaccinés pouvaient franchir, espérant pendant des années que tout cela passera bien."
Le Seigneur ne nous a pas adressé ses messages par vidéo, ni même par lettre.
Ou mieux, en envoyant une dizaine d'anges pour trois années.
Il est venu dans un monde plein de risques pour la vie, certes plus dangereux que notre monde aujourd'hui.
N'y aurait-il pas besoin de réfléchir
ouvertement et courageusement
à ce que pourrait être la vie chrétienne
et le témoignage
lors de la pandémie ?
Ensuite, il ne faut pas en rester à la réflexion, mais nous encourager les uns les autres à nous mettre en route pour vivre de nouvelles choses.
Connais-tu un groupe qui œuvre dans ce sens?
Cela doit bien exister avec cette pandémie qui nous préoccupe depuis deux ans.
La pandémie est comme un nouveau continent.
De quelles stratégies missionnaires faudrait-il se souvenir ou lesquelles tester à la conquête de ce nouveau monde?
Par exemple, on nous dit de nous saluer sans nous toucher et en joignant les mains - pas facile. ;-)
Merci de me donner les coordonnées d'un groupe qui réfléchi à ces choses, d'un article, d'un livre.
Fraternellement,
Matthias
Commentaires
Je trouve déjà difficile de savoir si nous devons travailler avec et dans les contraintes imposées, en considérant que Dieu est souverain. Ou alors si on peut/doit aussi remettre en question les contraintes :
Est-ce que la loi de l'époque permettait à Jésus de fréquenter, toucher, et guérir les lépreux ?
Et sinon, qu'est-ce que ça signifie pour nous ?
On pourrait rétorquer que les lépreux n'avaient pas choisi d'être lépreux, eux. Mais d'un côté, à l'époque on croyait que s'ils étaient lépreux c'est qu'ils l'avaient bien cherché. D'un autre côté, est-ce que c'est vraiment une stratégie gagnante pour les chrétiens d'admettre que les convictions sont une cible légitime de discrimination ?
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Je crois que les restrictions liées au COVID poussent les > 20/30 ans à expérimenter le monde de communication et relation des plus jeunes : désincarné, pseudo-virtuel, éphémère, urgent. Là, de nouveau, c'est difficile de savoir si on doit "faire avec" et se dire que c'est la nouvelle donne comme tu dis, ou si on détermine que non, une communauté ecclésiale digne de ce nom est impossible dans un tel monde, parce que des relations humaines dignes de ce nom ne le sont pas non plus...