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Vivre la Sainte Cène autrement

images.jpgLa pratique de la sainte cène (aussi « repas du Seigneur ») peut être un rituel tellement répétitif qu’il devient lassant. Mais pour d’autres cet acte symbolique a une force de transformation. Janine Paden Morgan est allé à la rencontre de différentes églises qui toutes avaient pour principe de vivre des cultes adaptés à l’homme d’aujourd’hui.

 

J.P. Morgan* voulait savoir si la sainte cène avait une puissance de transformation spirituelle.

La transformation du fidèle se fait par la mise en action plus ou moins efficace de six fonctions (je ne reprends ici  que cinq des six) accomplies par tout acte symbolique.  J.P. Morgan dit suivre en cela des auteurs comme Paul Hiebert, Dan Shaw et Tite Tiénou.

Dans ma réflexion sur cet article*, je choisis le terme de « levier » plutôt que fonction. Car il me semble que l’étude de Morgan nous permet de voir quels sont ces leviers à activer si l’on voulait changer quelque chose dans le vécu de la sainte cène.

 

L’analyse de Morgan me permet d’entrevoir quelque leviers à activer.

 

1. La cène permet d’activer le souvenir de l’histoire ancienne. Faire des gestes et répéter des paroles « en souvenir de Jésus » est une notion importante. Ils rappellent le message central de l’évangile, de l’histoire qui nous est commune.

2. Le souvenir de cette histoire commune permet au croyant de s’identifier avec les exigences de la foi. Il est son guide, sa vie. Il est. Le croyant peut ainsi prendre un peu de temps pour réfléchir à sa vie, à la semaine passée. Cela lui permet de se recentrer sur l’essentiel, tout au moins de se souvenir que la vie trouve son sens ici, dans la communion avec son Sauveur.

3. Cette histoire ancienne débouche dans un vécu communautaire. Le croyant se souvient au travers de ce qu’il vit qu’il fait parti d’un corps, d’un groupe, d’une famille. Ce sentiment d’appartenance est accueilli avec reconnaissance.

4. La pratique de la cène permet de vivre quelque chose au niveau de l’attachement à Dieu, de l’intimité avec Dieu. Le fidèle se rend compte qu’il est important en tant qu’individu, que Dieu le connaît par son nom.

5. La réflexion théologique que mène le fidèle est un autre aspect important de tout acte symbolique religieux. La « rencontre » avec Dieu conduit de nombreux fidèles à réfléchir quant à leurs péchés. Un sentiment d’indignité est suivi par l’appréciation du pardon. Le centre de l’évangile, la théologie, n’est alors pas considéré de manière abstraite, mais concrète. Ainsi, moi, pécheur, je me retrouve devant Dieu avec d’autres pécheurs. Il y a le pain, symbole du corps que nous formons. La fraction de ce pain et la coupe nous parlent du prix payé. De plus, cela nous situe dans l’histoire de la rédemption, nous met au bénéfice d’une alliance nouvelle faite par Dieu, nous invite à proclamer son jour.

6. La manière de présider à la cène, de la mettre en scène, affectera aussi le vécu des fidèles. Le ton de la voix, les gestes et les paroles citées produisent toujours un climat (positif ou non). Celui qui ne soigne pas la mise en scène véhiculera un sentiment de bricolé, d’improvisé, de hâté. S’il n’accorde pas de place aux réflexions théologiques des fidèles et à leurs émotions, la mise en scène sera mauvaise et l’expérience sera plate. Car il y a toujours « mise en scène ». Elle sera réussie ou ratée. Elle permettra aux fidèles de vivre quelque chose de théologiquement riche ou de pauvre, d’être interpelé ou pas.

 

Faut-il varier le déroulement du rituel ? Faut-il l’espacer (le vivre une fois par mois), pour ne pas lasser par la familiarité ? Pour Janine Paden Morgan, aucun de ces deux aspects (varier ; espacer) n’a d’incidence sur le vécu des fidèles. Par contre, des éléments visuels (bougies, images), audios (écoute ou participation à des chants, prières, lecture de textes bibliques) peuvent enrichir la communication de manière édifiante. Sans oublier les déplacements des fidèles (debout ou assis, en cercle ou rang d’oignon).

 

La cène assure-t-elle des effets positifs en tout temps ? Il semblerait que la sainte cène ne produise pas de sentiment d’unité dans un groupe en peine d’unité. Par contre, un groupe uni vivra la cène comme un élément d’unification.

 

Un dernier aspect de la réflexion est de voir à quel moment devrait être célébrée la cène ?  Avant ou après le culte ? Et si pendant le culte : en début, au milieu ou à la fin de celui-ci ? Puisque la sainte cène sera toujours la rencontre avec Jésus avec ce regard porté sur le centre de l’évangile, le pardon, le péché, le sacrifice, la justification, l’église, le corps,  elle  devrait toujours être en lien avec ce qui se fait par ailleurs. Si les annonces et la collecte sont rarement en lien avec ce qui précède ou suit, il ne devrait jamais en être de même de la sainte cène. Qu’elle soit la porte d’entrée du culte ou son point culminant, la sainte cène doit avoir la place qui lui est due. Finalement, nous disons « célébrer » la cène et le culte. Jamais encore n’a-t-on célébré la collecte ou l’offrande, ni les annonces ou la prédication.

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* "Emerging Eucharist: "This Is His Story, This Is My Song"", Missiology, 39, 4, 2011, 445-458

La thèse de doctorat de l'auteur:


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